Caille des blés: Les premières tendances de la saison 2019

30 août 2019 at 2 h 32 min
Les techniciens de 17 fédérations départementales de chasse (Ardennes, Ariège, Aube, Aude,  Aveyron, Dordogne, Gard, Loir et cher, Haute Loire, Lot et Garonne, Lozère, Maine et Loire, Marne, Deux sèvres, Tarn et Garonne, Vaucluse, Vendée), en collaboration avec l’ONCFS, participent en ce moment à une enquête concernant la caille des blés. Cette dernière consiste d’une part à capturer les oiseaux au moyens de filets, afin de les baguer, mais aussi à évaluer la densité des populations d’oiseaux en réalisant chaque semaine une tournée de plusieurs points d’écoute.

L’arrivée des premiers oiseaux a été signalée dans le courant du mois de mars, comme me l’ont confirmé plusieurs techniciens.  Il a été remarqué la présence de nombreux oiseaux résidents, beaucoup plus nombreux qu’à l’accoutumée. Pour rappel, l’année 2018 a été exceptionnellement humide, et les oiseaux ont reproduit particulièrement tard comme me l’ont confirmé de très nombreux chasseurs. Probablement en raison de cette reproduction très tardive,  un nombre inhabituel d’oiseaux a choisi d’hiverner en France. Cela ne veut pas dire, s’ils survivent, qu’ils ne migreront pas l’an prochain: c’est simplement le signe que l’élevage des petits les a contraints à ne pas migrer.

La dizaine de techniciens contactés par mes soins entre le 15 et le 25/06 s’accordent pour parler de l’année 2019 comme un assez bon cru, même s’il n’est pas exceptionnel. Quelques chiffres: 100 oiseaux capturés dans le Tarn et Garonne, 52 en Ariège, environ 50 dans le Lot et Garonne, 39 dans l’Aude, 55 oiseaux en Dordogne, 120 dans les Ardennes (environ 100 sur l’ensemble du département en comptant les cailles capturés par l’ONCFS), 200 dans les Deux sèvres et un constat identique sur les départements voisins.

Pas d’indications précises en Haute Garonne, puisque qu’aucun technicien de la FDC31 n’y étudie l’espèce. On relèvera néanmoins que 62 cailles ont été levées lors du concours amateur organisé par l’association le 04/08/2019 sur l’Aica du Fousseret au sud de Toulouse, ce qui est déjà une première indication. J’ai pu constater lors de mes sorties au chien d’arrêt réalisées au sud de Toulouse que les oiseaux étaient bien présents, et que la reproduction s’était très bien déroulée (présence de nombreuses couvées dans les chaumes laissés intacts), même si les récentes pluies du mois d’août ont entraîné des déchaumages très importants .

Les chiffres « bruts » des captures ne sont toutefois qu’une indication: ils peuvent pas être directement comparés entre eux car ils dépendent du nombre de techniciens affectés au baguage de l’espèce, mais aussi au temps dont ils disposent pour réaliser des sorties. Pour prendre un exemple, le Tarn et Garonne emploie 3 techniciens, lorsque l’Ariège n’en emploie qu’un seul, et seulement à temps partiel (sans quoi l’écart entre les deux départements serait bien moindre). L’effort de capture varie donc très fortement d’un département à un autre, et explique en partie les écarts. En revanche, la tournée des points d’écoute réalisée de façon hebdomadaire sur un circuit déterminé permet de déterminer les densités d’oiseaux et de comparer les zones entre elles d’une année sur l’autre. Dans certains départements, des techniciens départementaux baguent de façon opportuniste en dehors des stations d’écoute (ils sortent leur filet après avoir entendu un oiseau chanter, ou qu’il soient).

Fréderic le capitaine (FDC82) et Arnaud Lafforgue (FDC47), parlent du millésime 2019 comme « d’une bonne année ». Pascal Fosty (FDC09) va jusqu’à parler d’une année « exceptionnelle ». Il raconte avoir entendu vers le 15 juin 43 mâles répondre sur une matinée, pour 13 capturés au filet.

Plusieurs départements évoquent l’arrivée plus précoce que les autres années de jeunes, très probablement nés au Maroc. Cela montre d’une part que la survie hivernale a été plutôt bonne, mais aussi, au vu des arrivées importantes d’oiseaux, que la migration s’est très bien déroulée sur les deux principaux axes de migration qui irriguent la France (points de passages du detroit de Gibraltar pour le Maroc et du cap bon pour la Tunisie).

Les informations partagées sur le groupe Facebook de l’association, et notamment les compte rendus des nombreux entraînements individuels au chien d’arrêt réalisés au mois de juillet et d’août 2019 ont permis de confirmer cette bonne dynamique.

Cette relative abondance d’oiseaux est en tout cas une excellente nouvelle pour l’espèce au moment où une récente étude concernant la caille des blés montre que les effectifs ont fortement régressé.  Pour rappel, j’ai reproduit ci-dessous une courbe provenant d’une étude de l’ONCFS, et qui est particulièrement éloquente. Cette dernière montre Evolution de l’indice d’abondance de la Caille des blés à l’échelle nationale entre 1996 et 2017. On peut constater que les populations de caille des blés ont diminué de  49,89 pour cent depuis 1996 (soit un déclin de 3,24 pour cent par an en moyenne).

 

Ci-dessous, une cartographie de l’abondance locale de caille des blés réalisée en 2014. Si la caille des blés est traditionnellement chassée dans le sud du pays, c’est dans la moitié nord, et surtout dans l’Est du pays, que l’on trouve les populations les plus importantes (Marne, Aube, Ardennes mais aussi Meuse, Côte d’or). Plus au sud, on remarque quelques points de concentration, notamment entre les Alpes de haute Provence et le Vaucluse, et un autre dans la partie sud de la Haute Garonne.