Les lachers illegaux de cailles en France

27 janvier 2015 at 15 h 39 min

La Revue Nationale de la Chasse (No 805, Octobre 2014) à publié voici quelques mois un article très intéressant au sujet des lâchers illégaux de cailles en France.

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Notre association, dès sa création, s’est mobilisée pour dénoncer les lâchers de cailles et leurs conséquences sur l’espèce sauvage. Nous nous félicitons donc du fait que notre combat soit relayé dans les médias, et que des articles de ce type soient publiés. La caille des blés est gibier peu médiatique, et il est essentiel de parler de ce problème, qui pourrait avoir rapidement de graves conséquences pour l’espèce.

Pour des raisons à la fois pratiques et économiques, les cailles des blés (coturnix coturnix) génétiquement pures ne peuvent être élevées de façon industrielle. C’est dû à la fois à la nervosité de la souche sauvage, à son instinct migratoire, mais aussi à sa moindre productivité (elles ne pondent que saisonnièrement, et pas toute l’année comme les cailles japonaises). Pour ces raisons, Il n’existe d’ailleurs aucun élevage de cailles des blés génétiquement pures ni en France, ni d’ailleurs en Europe: ça ne serait tout simplement pas rentable… Seuls quelques très rares collectionneurs se hasardent à en élever en très petites unités (généralement dans de grandes volières dont les parquets ont été ensemencés de blé tendre, afin que les oiseaux puissent s’y dissimuler et reproduire), et lorsque des oiseaux sont en vente, le prix est de 25 euros pièce…
C’est la raison pour laquelle les éleveurs industriels ont choisi depuis les années 1970 de les hybrider avec des cailles japonaises (coturnix japonica), espèce avec laquelle notre caille des blés est interféconde.
La caille japonaise est une sous espèce élevée depuis bien longtemps, qui est très productive et parfaitement adaptée à l’élevage industrie., Elle à pour inconvénient de très mal voler, en raison d’un poids moyen plus élevé, et se montre très décevante en tant qu’oiseau de tir.
La solution a donc consisté pour ces éleveurs à hybrider les deux espèces. Cela à permis d’obtenir, par le biais d’une sélection, des oiseaux plus petits et volants, et mieux adaptés à une clientèle de chasseurs. Cette hybridation systématique au sein des élevages (Espagne notamment) à fait l’objet d’une étude scientifique très récente de la part de l’université de Barcelone. Il à été possible de démontrer par le biais de tests génétiques que 86 pour cent des oiseaux présents dans ces élevages sont des hybrides de cailles japonaises.
Gros problème: ces hybrides sont eux même féconds, et une fois lâchés dans la nature, ils peuvent reproduire très facilement avec l’espèce sauvage. Pire, les hybrides se révèlent plus attractifs pour les oiseaux sauvages, car ils chantent à une fréquence plus rapide.
Les conséquences de cette hybridation sur l’espèce sauvage sont malheureusement connues depuis longtemps (pollution génétique, diminution de l’impulsion migratoire, augmentation du phénomène des cailles résidentes au Maghreb et dans le sud de l’Espagne (hybrides plus lourds qui s’arrêtent à mi parcours). Selon l’IMPCF entre 10 et 15 pour cent de nos oiseaux sauvages seraient déjà touchés localement…
Donc rappelons le une fois pour toute: les cailles de lâchers (utilisées massivement par les éleveurs et dresseurs professionnels en France, et dans certaines chasses gardées peu scrupuleuses) sont TOUTES des hybrides de cailles des blés et de cailles japonaise, et leur utilisation (lâcher, tir) est totalement interdite en France, et l’a toujours été… En effet, ces hybrides souvent appelés dans les annonces passées sur de nombreux sites internet « cailles de tir », « cailles de chasse », voire « cailles des blés », ne sont pas des cailles des blés, mais constituent une espèce exogène, dont les lâchers sont strictement interdits par la loi. Mieux: ce type d’oiseaux ne figurant pas sur la liste des espèces chassable, ils sont considérés comme étant des animaux domestiques, et le fait de les chasser peut être considéré comme un acte de cruauté réalisé sans nécessité sur un animal domestique (articles R655-1 du code pénal, puni de 3750 Euros d’amende) .
Ceux qui prétendent le contraire font soit acte d’ignorance (dans le meilleur des cas), soit agissent au nom d’intérêts économiques douteux (les leurs bien entendu)….

Avec l’accord de la revue Nationale de la Chasse, que je remercie ici au passage, l’article à été scanné et mis en téléchargement ci dessous:

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